TEXTES
ah que j'aime l'automne
avec ses jupes froissées
et ses feuilles aussi
elles portent les misères
des amants trop épris
des premiers jours
voilà pourquoi l'automne est impitoyable
elle avance, sentencieuse
sans remords ni sans haine
affolant couperet
saveur de temps
et de regrets
je me souviens de ce délicieux parfum
celui des vieilles amphores
du humus élastique
matelas des fraîches balades tardives
terreau de contes et de mystères
il y a aussi ces sensations
celle du mercurochrome sur la plaie béante
celle, enivrante, de la roche froide sous ma palme
et puis celle de la morsure du froid
qui doucement revient me croquer le visage
l'automne est la saison des poètes paraît-il
car elle autorise la douce complainte des incompris
ah que j'aime l'automne
marcher les yeux fermés
Dans la rue grise tacite
Tout devient exaltant
La brise se fait oural des grands pôles
La goutte d'eau cascade arrogante
Un éclat de voix, rire vénitien
Chaque gorge murmure de mystérieuses mélodies
Et chaque pas devient toujours moins assuré...bizarre
Aventurière des grands espaces, je risque la mort à chaque instant
Le trottoir est une crevasse mortelle
Les câbles des lianes impénétrables ou boas multicolores
Trop tard
Je vacille sur l'acier d'une plaque d’égouts
Terrassée par la bête étincelante
Mon regard s'élève implorant
Quand un phénix frappe l'air de ses ailes
Et déjà mon heure a sonné
Dong, dong, dong, clac, dong
Je marche dans la rue
Le clocher annonce midi trente
Et autant de rêveries balayées
Par le petit camion-nettoyage
Dont les brosses vigoureuses
M'auront éclaboussée au passage
Pourquoi un nuage c'est poétique ?
Parce que c'est léger ?
un morceau de carton c'est pas poétique pourtant
et c'est léger
Parce que c'est mouillé ?
un morceau de carton mouillé c'est pas poétique pourtant
et c'est mouillé
Parce que c'est blanc ?
le pq c'est blanc
Parce que c'est muable ?
mon amour il est muable
c'est pas poétique l'amour
c'est juste chiant
comme le pq
comme le carton mouillé
comme un nuage